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paix santé
17 février 2016

A la découverte des microbes : La folie de Semmelweis.

Avant Pasteur, un médecin hongrois avait deviné l’existence des germes et des microbes responsables de maladies parfois mortelles. Mais personne ne le crut. Né à Buda en 1818, il s’appelait Semmelweis et il mourut fou... Retour sur un personnage hors du commun, mort il y a 140 ans.


   Médecin à Vienne

   Né dans une famille de commerçants hongrois aisés, Philip Semmelweis étudie le droit puis la médecine à Vienne. Docteur en 1844, il entre comme assistant dans le service d’obstétrique de l’hôpital général de Vienne. Il y remarque le nombre important de décès de femmes en couches, frappées par ce que l’on appelle les fièvres puerpérales.

   Des hôpitaux mortels

   "Parmi les pauvres femmes qui ont accouché à l’Hôtel-Dieu, on a remarqué que, dans le mois de février, de vingt de ces femmes en couches à l’Hôtel-Dieu, à peine en réchappait-il une". C’est un médecin français qui fait ce constat en 1785, mais la situation est la même partout en Europe. En 1835 encore, on affirme : "Il y trois tombeaux vivants : l’hôpital des Enfants trouvés, celui des Enfants malades et la Maternité". Seules les femmes les plus pauvres accouchent à l’hôpital, qui offre la gratuité des soins. 

   On ne connaît pas les mécanismes de ces fièvres puerpérales. On les attribue tantôt au froid, tantôt à la chaleur, à l’humidité, aux "miasmes" de l’air ou même à la rétention du lait dans l’abdomen au point qu’on les surnomme parfois "fièvres de lait". En fait, elles ont une origine infectieuse, due à l’ignorance des règles les plus élémentaires d’asepsie. Elles peuvent emporter en quelques heures les femmes les plus robustes ou les laisser gravement malades pendant plusieurs semaines.


   Les médecins responsables

   Philip Semmelweis devine en 1846 les vrais mécanismes de la contagion. C’est l’observation des taux de mortalité qui le met sur la piste : les femmes meurent moins en accouchant à leur domicile, à la maternité des sages-femmes de Vienne ou même dans la rue qu’à l’hôpital. Un comble ! Il arrive à la conclusion que les fièvres puerpérales sont véhiculées par les médecins eux-mêmes lorsqu’ils passent des salles de dissection et d’autopsie aux salles d’accouchement sans se laver les mains ni changer de blouses.


   On ne croit que ce qu’on voit

   Semmelweis demande alors que ses collègues se lavent les mains avant tout examen d’une patiente. Mais personne n’accepte alors l’idée de "germes invisibles" qui passeraient de corps en corps pour tuer. On se moque de lui et son chef de service, qu’il harcèle de ses remarques, choisit de le révoquer. Dans un nouveau service à Vienne, il instaure le lavage et le brossage des mains des médecins dans du chlorure de chaux entre les salles d’autopsie et les salles d’accouchement : la mortalité des femmes chute de moitié. Puis il demande aux médecins de se laver les mains entre chaque patiente et de nettoyer soigneusement les instruments utilisés : la mortalité tombe à 0,20 %. Certains sont convaincus, comme cet ami qui réalise alors qu’il a tué sans le savoir sa cousine enceinte et se jette sous un train. Mais ni la conviction de quelques médecins ni les chiffres pourtant éloquents ne suffisent à faire admettre ses thèses auprès de l’Ordre. Ses détracteurs, la direction de l’hôpital et de nombreux médecins du ministère ne peuvent admettre l’invisible. Semmelweis est à nouveau révoqué.


   Contesté jusqu’à sa mort

   Rentré à Budapest, Semmelweis exerce pendant six ans à la maternité de Pest et y fait tomber la mortalité par fièvre puerpérale à 0,85 %. Il reste pourtant contesté, moqué, critiqué, traverse des périodes de dénuement extrême et perd peu à peu la raison. Interné dans un asile de fous, il connaît une fin bien triste, puisqu’il meurt en 1865 d’une blessure mal lavée, tué par ces fameux microbes que lui seul redoutait. Une revanche de l’invisible en quelque sorte…


Texte : Marie-Odile Mergnac

 

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